Scénario central 2024 : des risques accrus en raison du retard dans les politiques climatiques
Par rapport à l'édition de l'année dernière, notre scénario central 2024 a été révisé afin de refléter les évolutions concernant le changement climatique, les tensions géopolitiques et l'impact potentiel à long terme de l'IA sur l'économie mondiale. Ce scénario central tient compte de la probabilité accrue de retards dans les politiques climatiques et des perspectives moindres d'atteindre un objectif de 1,5-2°C d'ici 2050.
Ces ajustements ont d'importantes implications macroéconomiques pour la décennie à venir : globalement, les risques de transition seront plus faibles et les risques physiques plus élevés, les coûts s’étalant sur une période plus longue :
- Les banques centrales devront concilier les objectifs de politique monétaire, des niveaux d'endettement élevés et la nécessité de rendements à long terme relativement bas pour financer la transition.
- Inflation - Nos prévisions d'inflation à court terme restent supérieures aux objectifs des banques centrales ; elles ont toutefois été revues à la baisse par rapport à l'année dernière car les coûts de la transition énergétique devraient s’étaler sur une plus longue période. À moyen-long terme, les gains de productivité issus de l’IA et des baisses de coûts plus générales ramèneront l'inflation vers les objectifs des banques centrales.
- Croissance - À l'inverse, les niveaux de croissance à 10 ans des marchés développés sont revus à la hausse en raison du report des politiques climatiques et de certains effets positifs découlant de l'adoption de l'IA. Nous prenons l’hypothèse que cette adoption sera progressive, étant donné la nécessité d'évaluer les coûts sociaux et énergétiques de l'IA. À l'horizon 2050, l'augmentation des risques physiques liés aux phénomènes météorologiques extrêmes et l’atténuation des effets de l'IA devraient entraîner une baisse de la croissance.
- Marchés émergents - Leur croissance annuelle sera supérieure de 2,3 % en moyenne à celle des marchés développés sur la période 2024-2033. Cet avantage en termes de croissance s’amoindrira au cours des deux décennies suivantes car l’atteinte du Net Zéro semble plus difficile pour de nombreux pays émergents.
Toutefois, certains pays émergents bénéficieront de la transition, notamment ceux qui sont riches en minerais essentiels comme le Chili ou l'Indonésie.
- Une taxe sur le carbone aurait un impact significatif sur la croissance et l'inflation, et affecterait particulièrement les pays émergents et les ménages à faible revenu. Veiller à garantir une transition équitable serait crucial en matière de taxation du carbone.