Implications en termes d'investissement : des opportunités émergent de cette recomposition mondiale
Nous continuons de penser qu'une fin de cycle est le scénario le plus probable, ce qui incite à une position légèrement favorable au risque. Toutefois, l'allocation d'actifs doit également tenir compte de la probabilité accrue de scénarios alternatifs très polarisés que le niveau élevé des risques géopolitiques et inflationnistes pourrait déclencher, ainsi que de l'évolution des corrélations entre le dollar américain (USD), les actions et les obligations.
L'une de nos principales convictions est l’accentuation de la pentification de la courbe des rendements de référence, sous l'effet d'un risque budgétaire accru, de l’abondance des émissions obligataires et de la volatilité des taux. Nous prévoyons également un ralentissement de la croissance des bénéfices des entreprises à 6 %, mais n'anticipons pas de récession des bénéfices.
Notre allocation d'actifs dynamique vise à saisir les opportunités issues des turbulences du marché tout en parant à l’importance et à la diversité des risques. Cette allocation repose sur un positionnement bien diversifié en actions, une gestion tactique des échéances et de la courbe des taux pour les titres à revenu fixe, une diversification géographique sur des marchés nationaux résilients, et sur la mise en place de couvertures renforcées. Dans le domaine des changes, le yen japonais et l'euro sont les plus performants, le franc suisse est déjà fort, tandis que les monnaies scandinaves et le dollar australien semblent relativement plus attrayants.
- Obligations - Nous prévoyons une pentification des courbes de rendement et une volatilité marquée des taux et optons pour une diversification souple vers les marchés mondiaux hors États-Unis. Nous privilégions les obligations d'État européennes et émergentes, car elles peuvent bénéficier d'un bon équilibre entre croissance et inflation ainsi que d’un dollar plus faible. Concernant les entreprises, nous privilégions les obligations de haute qualité et l'Europe plutôt que les Etats-Unis. Nous sommes neutres sur le haut rendement car les spreads pourraient augmenter vers la fin de l'année. Sur le plan sectoriel, nous préférons les valeurs financières et les titres subordonnés. La dette subordonnée bancaire pourrait s'avérer être l'un des segments les plus intéressants.
- Actions - La rotation se poursuivra au détriment du marché américain et les actions des pays développés devraient générer au second semestre des rendements à un chiffre, dans le bas de la fourchette. Nous privilégions les actions mondiales et une sélection minutieuse basée sur la valorisation, la solidité des marges et au travers de grands thèmes tels que la défense et les infrastructures européennes, l'intelligence artificielle, la déréglementation aux Etats-Unis, la réforme de la gouvernance d'entreprise au Japon et le "Make in India". Nous sommes positifs sur les moyennes capitalisations européennes, les indices américaines équipondérés et de hauts dividendes au Japon. Sur le plan sectoriel, nous privilégions un mélange de valeurs cycliques et défensives et des secteurs orientés vers leurs marchés intérieurs et vers les services. Nous préférons les services financiers et de communication à l'énergie et aux matériaux, et les ‘utilities’ en protection.
- Marchés émergents - Les actifs des pays émergents affichent une bonne dynamique au second semestre. Nous sommes positifs sur les obligations EM, en devises comme en monnaie locale, car elles offrent des rendements supérieurs à ceux des obligations DM et une protection contre la volatilité croissante des rendements des bons du Trésor américain. Les actions EM peuvent bénéficier d’évolutions structurelles dans les pays qui s'adaptent aux réalignements économiques mondiaux. Nous privilégions les secteurs résilients et axés sur leur marché intérieur, la défense et les technologies de l'information.
- Diversification et protection - Le risque d'inflation (stagflation ou hyperinflation), la faiblesse du dollar et les ruptures de corrélations sont des tendances à long terme qui nécessitent des couvertures. L'or et les matières premières offrent de bonnes protections contre l'inflation, tandis que les infrastructures et la dette privée fournissent des flux de trésorerie stables. Sur les marchés privés, la sélectivité sera de mise, en raison d’un afflux massif de capitaux. La diversification est également cruciale sur les devises, en particulier pour les investisseurs qui ne sont pas investis en dollar américain.
[1] Nos projections se fondent sur les informations et les mesures politiques disponibles en date du 17 juin 2025.